Souvent, le travail du comportementaliste canin est confondu avec des éducateurs canins ou des dresseurs.
On pense à tort qu’il s’agit de « dresser » , de faire « obéir en toutes circonstances ». Ce n’est pas son objectif, c’est se concentrer sur le Vivant essentiellement. Tous les êtres vivants, humain comme chien, dans un objectif commun. En quoi consiste le travail du comportementaliste canin?
Est-ce que le comportementaliste canin dresse un chien ?
Le professionnel canin, en théorie, ne vous demandera à aucun moment de « dresser » votre chien. Pourquoi demander à son chien, par exemple, d'être « assis » ; la question à plutôt se poser est : est-ce utile ? En retirerez-vous un bien-fondé d’apprendre, ou de lui faire apprendre le « assis »?
A titre d’exemple, je ne demande jamais à ma chienne de réaliser cette demande, même lorsqu’elle est devant un passage piéton. On attend. En fait, le travail premier du comportementaliste canin est de se concentrer sur la relation humain-chien.
Pourquoi le comportementaliste canin n’intervient pas dès le premier rendez-vous ?
Le premier rendez-vous est appelé le bilan comportemental, c’est-à-dire on vous pose une série de questions pour comprendre les origines de l’adoption de votre chien, de votre quotidien. Jusqu’aux questions les plus variées comme des problèmes de santé à la couleur du poil.
Le comportementaliste ne peut pas intervenir dès le premier rendez-vous ; celui-ci permet, en effet, de déposer un bilan, un « diagnostic », d’essayer de comprendre les causes. Il faut comprendre que s’engager avec un comportementaliste canin, c’est aussi un travail d’engagement personnel. Dès le premier rendez-vous, s’engage un travail en trinôme, qui commence également pour le comportementaliste.
Pourquoi connaître les causes ?
Les causes d’origine d’un problème, ou plutôt d’une réaction émotionnelle très forte de votre animal, permettent de mettre des mots. Connaître les causes, c'est comprendre, par la suite, les explications d’une réaction comportementale.
Travailler dans le comportement canin, c’est chercher, donc tout étudier ; se questionner sur toutes les possibilités et hypothèses d’une « problématique ».
Même race de chien chez mon voisin, et lui est ok
Vous avez remarqué que votre voisin a la même race de chien que vous ; or, lui, tout semble ok à vos yeux. Alors, forcément, vous vous dîtes : qu’est-ce qui cloche ?
Il est important de préciser que le chien est unique, à l’instar de vous ; c’est-à-dire qu’il possède une identité qui lui est propre, des humeurs et des caractéristiques liées à son individualité. Il y a la part génétique, mais également sa race, son histoire en tant qu’être vivant.
Chaque chien a son individualité propre, ses traumatismes, son histoire, ses peurs ou phobies, réactions différentes. Nous ne pouvons pas comparer votre chien avec les cinq milliards d’autres chiens qui vivent sur cette planète (sans compter sur les chiens errants, etc).
J’insiste sur ce point, car c’est relié au travail du comportementaliste canin ; le professionnel étudie votre chien et VOUS. Si le chien de votre voisin paraît merveilleux à vos yeux, ce n’est que votre angle de vue.
Peut-être, votre voisin n’osera jamais vous dire que son chien ne correspond pas à son idéal..Bref, c’est comme voir l’herbe plus verte ailleurs.
Est-ce que les causes suffisent pour comprendre l’animal ? L’accompagner ?
Non, cela serait trop simple. Une problématique spécifique comme la réactivité, l’anxiété de séparation, phobie ou autre est accompagnée d’une ou plusieurs causes. Le comportementaliste canin vous aide à comprendre et à décoder votre animal dans la situation présente. Cependant, en tant que professionnel, nous ne sommes pas à l’abri d’une erreur.
Décoder le langage canin, et ses signaux, permet en effet de mieux comprendre ses émotions, ses peurs. Son besoin également d’être soutenu par vous. Le professionnel décode, décrit, propose des exercices à retravailler et à suivre l’évolution émotionnelle de votre animal.
Puisqu’en effet, d’autres facteurs peuvent être déclencheurs ; puis, il ne faut pas oublier, que le comportementaliste vient à un moment spécifique lors de ces rendez-vous. Même le comportementaliste n’a pas de prise sur l’environnement, les imprévus, les autres stimuli, la réaction du chien.
Et si le chien, qui est apeuré, ne vient pas vers le professionnel ? Faut-il conclure que le professionnel ne sait pas faire son travail ?
Et si au contraire, le professionnel qui ne cherche pas à s’imposer auprès de votre chien, le respecte davantage plutôt qu’une méthode forcée et traumatisante ? Un chien peut être peureux pour diverses raisons, cela peut-être lié à un manque de socialisation (ou à l'inverse un excès de stimuli).
Si le chien ne souhaite pas aller vers le professionnel, c’est son libre choix. En quoi consiste le travail du comportementaliste canin?
Un professionnel conscient du bien-être animal ne fera rien pour perturber votre chien. Malheureusement, en tant qu’humains, nous attachons dans nos esprits, par des « biais » ou a priori comme : « si le chien réagit ainsi, c’est qu’il ne l’aime pas. Normalement au premier rendez-vous, ça devrait coller, c’est lui/elle le/la professionnelle ! ».
Justement, le travail du comportementaliste canin est de respecter votre chien sans ordonner. Il/elle essaye de faire attention. Le chien ne vient pas voir le professionnel au premier ni au 3ème rendez-vous car il est tétanisé ?
Quel serait l’intérêt pour un comportementaliste canin de solliciter votre chien, s’il est déjà tétanisé, anxieux des humains ?
Il est nécessaire d’avoir un temps d’adaptation. Si vous remarquez qu’un chien s’approche timidement vers le professionnel, progressivement, c’est un signe que le comportementaliste canin écoute et respecte le rythme émotionnel de votre animal.
Même après le premier rendez-vous, le comportementaliste repose des questions, demande l’évolution entre les séances, les rendez-vous, les réactions émotionnelles, me propose parfois d’autres pistes..
Le comportementaliste canin s’investit corps et âme dès le premier rendez-vous. C’est pourquoi, il est très frustrant pour tout professionnel de se voir lâcher alors que l’amorce a déjà commencé.
Ce qu’il faut comprendre, c’est dès lors que vous faites appel à un comportementaliste, celui/celle-ci s’investit d’emblée. Pourquoi ? Parce que cela fait partie du travail. Combien de fois, il m’est arrivé de penser aux séances entre les rendez-vous, de rechercher, de transmettre des outils concrets pour que cela soit applicable, de vouloir demander si le client était toujours motivé.
Il peut arriver que l’on transmet d’autres pistes, car le comportementaliste canin veille tout au long de cet accompagnement, à l'évolution de l'animal et de son humain. Selon l’échange construit et investit du propriétaire, il peut arriver de demander au propriétaire de changer de tactique en fonction de ce qui aura été rapporté.
La notion de « devoirs » n’est pas pour embêter ; dîtes-vous que c’est pour avoir une meilleure relation de compréhension avec votre animal. De répondre à votre problématique de départ.
Vous apprenez en même temps que votre animal, que vous réussissiez ou non, l’exercice demandé, que vous ayez dû mal à le réaliser (cela ne remet pas en question vos intelligences ni vos capacités cognitives).
Dans le comportement canin, lorsqu’il y a un travail d’implication, comme dans tout apprentissage, tout passe par une courbe avec des hauts et des bas. Rien ne sera parfait. Chaque difficulté rencontrée et expliquée avec le comportementaliste, dans la mesure du possible, vous permettra d’avoir une meilleure compréhension de la situation.
L’essentiel de notre travail est de vous apporter une meilleure compréhension de ce que vous vivez avec votre animal en vous faisant réfléchir, questionner, adopter un autre point de vue sur le chien.
Pour conclure
Les séances sont variables, avant celles-ci, vous savez exactement ce qui va être travaillé ensemble. Le comportementaliste canin ne dresse pas. Je ne lui donne pas des « ordres » ou des « demandes » puisqu’il faut le faire, ni pour en faire un chien obéissant.
Ce n’est pas non plus de l’anarchie. Parce que le comportementaliste canin s’adapte au rythme émotionnel de l’animal.
Julie Caillaux
L'Essentiel Educ
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